La détermination d’un homme
Né à Béziers en 1609, Pierre-Paul Riquet est percepteur des gabelles (impôt sur le sel) dans l’administration Royale. Il a eu vent de divers projets de canaux qui faciliteraient le commerce du blé et du sel.
L’idée l’intéresse, l’ambitieux y voit une formidable opportunité pour lui-même et son cher Languedoc. Pendant plus de dix ans, il mûrit son projet en secret, réalisant des tests hydrauliques dans son domaine de Bonrepos. En 1662, il est fin prêt. Devenu Fermier Général, fortuné et influent, il a en mains les atouts pour réussir son pari. Mais comment se faire connaître à Versailles ?
Fin diplomate, Riquet cherche un appui politique auprès de Monseigneur d’Anglure de Bourlemont, l’archevêque de Toulouse, un proche de Colbert. Séduit par le projet, celui-ci recommande à Riquet d’écrire au ministre des Finances de Louis XIV. Dans sa lettre (novembre 1662), Riquet vante l’intérêt économique de son canal qui faciliterait les échanges, et remplirait les caisses du royaume avec les droits de passage. Le Roi Soleil est séduit : l’ouvrage, grandiose et novateur, est à sa démesure et il veut moderniser le pays. Reste à rassurer la Cour sur sa faisabilité technique.
Riquet construit, en 1665 et à ses frais, une rigole d’essai qui confirme son projet.
En octobre 1666, après 2 ans d’expertises, Louis XIV ordonne “la construction d’un canal de navigation et communication des Deux Mers, Océane et Méditerranée” par l’Edit de Saint Germain-en-Laye. Ce sera après Versailles, l’autre grande œuvre de son règne.
Les travaux commencent en janvier 1667 et durent 14 ans. Riquet suit personnellement les travaux de construction de l’ouvrage et du port de Sète. Le Canal du Midi est inauguré en mai 1681. Pierre-Paul Riquet meurt à Toulouse le 1er octobre 1680, quelques mois avant l’achèvement de son œuvre. Il est inhumé à la cathédrale Saint-Étienne de Toulouse.
L’alimentation en eau
Pierre-Paul Riquet résout l’épineuse question de l’alimentation en eau du canal. Il a une très bonne connaissance de la province du Languedoc et projette d’amener l’eau de la montagne Noire au seuil de Naurouze. Depuis ce col, l’eau s’écoule en deux sens opposés, vers Béziers et la Méditerranée (Est) ou vers Toulouse puis l’océan (ouest). Ce projet est présenté à Jean-Baptiste Colbert en 1662. Il reçoit immédiatement l’appui de cet important Ministre.
S’inspirant du canal de Briare (inauguré en 1642), Riquet a inventé un réseau hydraulique de toutes pièces, basé sur trois principes simples en apparence :
• Appuyer le canal sur le seuil de Naurouze situé sur la ligne de partage des eaux. De là, l’eau s’écoule naturellement soit vers l’Est et la Méditerranée, soit vers l’Ouest et l’Atlantique.
• Créer deux rigoles artificielles pour capter les eaux de petits ruisseaux de la Montagne Noire et les conduire au col de Naurouze.
• Créer un barrage-réservoir (Saint-Ferréol), pour constituer un stock d’eau disponible capable d’alimenter le canal à longueur d’année.
Riquet fit creuser en 1665 une rigole d’essai pour démontrer la faisabilité de son projet. Louis XIV ordonna alors la construction du canal par l’Édit de Saint-Germain-en-Laye en octobre 1666.
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